lundi 9 septembre 2013

D'une mythologie l'autre


De nombreuses recherches sont actuellement menées autour de l'apparence et de l'iconographie de personnages célèbres, qu'il s'agisse de Mozart, Henri IV, Van Gogh ou Shakespeare (voir entre autres ici). Cela s'accompagne de remises en cause, de découvertes, parfois de polémiques assez virulentes. Le phénomène n'est donc pas propre à Rimbaud, mais plutôt lié, à notre avis, à l'évolution du statut de l'image dans nos sociétés.

Bien souvent on réalise que les personnalités les plus fameuses, et les plus étudiées, sont aussi celles dont l'iconographie est la plus mythologique. En voici un nouvel exemple avec Jeanne d'Arc, dont les portraits célèbres sont purement fantaisistes. Par exemple, toutes les images de la notice de Wikipedia sont des portraits imaginaires, et il est pour le moins audacieux de dire qu'il s'agit de Jeanne d'Arc...

En fait on ne connait qu'une représentation d'époque de la Pucelle d'Orléans, mais celle-ci a été réalisée par quelqu'un qui ne l'a jamais vue. Le visage de ce personnage nous est donc, en fait et jusqu'à plus ample informé, totalement inconnu.



Une étude intéressante sur l'évolution de cette iconographie : Françoise Michaud-Fréjaville, Images de Jeanne d’Arc : de l’orante à la sainte (en ligne ici).




jeudi 29 août 2013

Reproductions de référence, 2 (Clichés de la BnF)


Nous avons pu examiner de près l'ensemble des documents iconographiques sur Arthur Rimbaud détenus par la Bibliothèque nationale de France, en compagnie de spécialistes de la photographie ancienne, grâce à l'obligeance de Mme Sylvie Aubenas, directrice du Département des estampes et de la photographie.

Nous avons également fait réaliser des scans en très haute définition des principaux documents, qui apportent quelques informations nouvelles, que nous publierons aussitôt que possible. 

Voici les reproductions réalisées par la BnF. Toutes les autres reproductions de ces photographies sont inexactes ou retouchées.

- Photographie de première communion de Frédéric et Arthur Rimbaud (1866). Unique tirage connu à ce jour, strictement d'époque, parfaitement conservé.



 © Bibliothèque nationale de France



- Troisième autoportrait de Rimbaud. Seul tirage existant (1883). 



 © Bibliothèque nationale de France


- Un autre document important est la copie (contretype) de la célèbre photo de Carjat collée dans le manuscrit du Journal de Paul Claudel.  Ce cliché a été reproduit, non retouché, dans Face à Rimbaud.

Les deux autres exemplaires de la photo d'Etienne Carjat conservés par la BnF sont en fait des copies très tardives (dont la reproduction figurant sur Wikipedia, avec une date erronée).

Reproductions de référence, 1 (Clichés du Musée Rimbaud)


Suite à notre message précédent, un correspondant nous demande si nous pourrions préciser quelles sont les reproductions les plus exactes des principales photos d'Arthur Rimbaud, en l'état actuel des connaissances.

- De la plus célèbre photographie, prise par Etienne Carjat vers octobre 1871, on ne connassait jusqu'à présent que des copies en agrandissement réalisées vers 1900. 

LA SEULE REPRODUCTION FIABLE de ces contretypes est celle actuellement diffusée par le Musée Rimbaud. Elle n'a quasiment jamais été publiée (sauf dans Face à Rimbaud, 2006).

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
 © Musée Arthur Rimbaud, Charleville-Mézières

Mise à jour : une reproduction du tirage d'époque été découverte dans les archives de Paul Claudel en avril 2014 : cliquer ici.

Les autres versions sont trafiquées, entre autres celle diffusée par M. Jacques Bienvenu, dans laquelle Rimbaud a l'oreille gauche remodelée, les yeux "maquillés" (soulignés d'un trait noir), etc.

http://rimbaudivre.blogspot.fr/2011/04/les-photographies-de-rimbaud-par-carjat.html



- Pour les deux autoportraits de 1883 détenus par le Musée, il existe des reproductions exactes. On n'y voit pas grand chose, malheureusement, mais c'est l'état réel, "brut", de ces clichés.





 © Musée Arthur Rimbaud, Charleville-Mézières


- Le Musée diffuse également une excellente reproduction du positif verre, réalisé vers 1900 à partir d'une épreuve de la seconde photographie de Carjat. C'est un document précieux, mais on connaît désormais, depuis 1998, un tirage d'époque parfaitement conservé de cette photographie, réalisé par l'atelier Carjat (reproduit dans Face à Rimbaud, et ci-dessous).

Il existe un autre exemplaire, en mauvais état, et un troisième a été identifié récemment dans les archives de Paul Claudel : en ligne ici.


© Etude Tajan




mercredi 28 août 2013

Matins d'été


Retour sur la photographie de Rimbaud à l'Hôtel de l'Univers :

Interview de Jacques Desse sur France culture, par Emilie Chaudet. 

En ligne ici :  Itinéraires bis

(descendre en-dessous de la photo)




Enluminures (Théorie du soupçon et confusionnisme)





« Berrichon et sa femme raisonnaient de manière épaisse. »
(D. Ducoffre)
 



        M. David Ducoffre a récemment proposé un point sur l’iconographie de Rimbaud, basé sur les travaux de M. Jacques Bienvenu, promu « principal spécialiste de l’iconographie rimbaldienne » (http://paintedplates.blogspot.fr/2013/07/iconographie.html).

        

M. Ducoffre récuse la plupart des portraits de Rimbaud, qui sont à ses yeux de « prétendus documents » : exit le portrait par Rosman, celui par Garnier, les deux photos d’Aden, la photo de l’Institution Rossat, tous les dessins d’Isabelle Rimbaud et Paterne Berrichon, etc. 

C’est une petite révolution, d’autant que nombre de ces documents sont conservés par le Musée Rimbaud de Charleville-Mézières, validés par tous les experts et admis par toute la communauté rimbaldienne… 



M. Ducoffre commet au passage, malencontreusement,  quelques erreurs factuelles ou approximations grossières, qui montrent une certaine méconnaissance du sujet. En voici un échantillon :



- « Une photographie sépia de la vente Jean Hugues » : ce célèbre document, tirage d’époque sur papier albuminé, n’appartenait pas à Jean Hugues mais à Jacques Guérin, ce qui change pas mal de choses (1).



- « Un négatif sur verre daté de 1900 » : ce tirage sur verre bien connu, conservé au Musée Rimbaud, n’est pas un négatif mais un positif (confondre un négatif et un tirage positif, voilà qui ne plaide guère pour une grande fiabilité d’expertise…).



- « Rimbaud avait les cheveux longs en 1872 et 1873 » (donc des portraits comme celui de Garnier ne le représentent pas). Cela reste à prouver… D’ailleurs un dessin de Régamey, admis par M. Ducoffre, montre Rimbaud à Londres en 1872 avec les cheveux courts (portrait au haut de forme).



- Photo de Sheikh-Othman : « aucune datation n’a été resserrée [sic] ». Nous en avons pourtant proposé une, très précise : le 25 janvier 1883. Nous pouvons même donner, en avant-première, le nom de l’un des personnages apparaissant très probablement sur la photo, au côté de Rimbaud : un certain Teissère…



- « Apparemment, les originaux des portraits de Rimbaud par Carjat ne sont pas connus » : c’est vrai pour la photo la plus fameuse, mais tout à fait faux pour l’autre (on en connaît deux exemplaires en tirage d’époque, dont il sera question ci-dessous).



- Photographie de communion des frères Rimbaud : « Il en existe plusieurs tirages ». Faux. On n’en connaît qu’un seul tirage, provenant de la famille Rimbaud et conservé à la BnF. Les reproductions du XXe siècle ne sont pas des « tirages » de ce cliché, pas plus qu’une copie de la Joconde n’est un tableau de Léonard de Vinci… M. Ducoffre mélange les torchons et les serviettes.




Photo de première communion (BnF)





- « Un portrait à part d’Arthur Rimbaud a été offert par Fantin-Latour à Paterne Berrichon et Isabelle Rimbaud » : il n’existe aucune trace d’un tel « cadeau », d’ailleurs fort improbable. M. Bienvenu prétend pour sa part que ce dessin a été « acheté » par Berrichon (« Berrichon l’avait acheté à Fantin-Latour et le vendit par la suite au frère du ministre Barthou »), ce qui est tout aussi baroque (d’autant que M. Bienvenu confond au passage Louis et Léon Barthou…).



- « La correspondance aujourd’hui publiée d’Isabelle Rimbaud et Paterne Berrichon nous apprend clairement que Paterne Berrichon a demandé à sa future épouse de dessiner son frère à des fins de publication édifiantes ». Faux, et calomnieux. Berrichon a assez de torts, inutile d’en inventer… (2).



- « Rimbaud n’a guère été pris sur le vif, si ce n’est par Forain avec le dessin ‘Qui s’y frot[te s’y pique]’ (…) » : si l’on applique les critères de M. Ducoffre, il faut convenir que rien ne garantit qu’il s’agisse ici de Rimbaud, ni même d’une œuvre de Forain, ni, a fortiori, d’un dessin pris sur le vif (où sont les preuves ?). M. Ducoffre ignore d’ailleurs, manifestement, que toutes les publications de ce dessin sont celles d’une copie, probablement due à Berrichon, et non de l’original (toutes les publications, depuis 1919, sauf Face à Rimbaud, de Jean-Jacques Lefrère, 2006).



- Un des autoportraits photographiques de Rimbaud « a connu un tirage retouché […] et c’est cette photographie au visage retouché qui est connue du grand public. » M. Ducoffre ignore-t-il que c’est le cas de la plupart des photos, et même dessins, représentant Rimbaud, à commencer par LA photo iconique, par Carjat, dont on ne connaît que des reproductions retouchées, et souvent gravement retouchées ?



M. Ducoffre manifeste une ignorance étonnante de la photographie du XIXe siècle, baptisant « montages sur cartes » de très classiques portraits cartes de visite (« deux tirages de la photographie sont insérés dans des sortes de carte [sic] portant l’estampille de la maison Carjat » / « une photographie déchirée insérée dans une carte sortie de l’atelier Carjat »). En fait les portraits de ce type étaient contrecollés (pas « insérés ») sur un carton au nom du photographe. 

Il n’y a rien de plus courant que de tels « montages », et, en l’occurrence, le carton est bien celui d'Etienne Carjat vers 1871-72. Ce carton fut utilisé brièvement par Carjat, il est beaucoup moins commun que d’autres modèles. Il atteste que les épreuves montées sur ce carton ont été tirées exactement dans cette période, qui fut effectivement celle à laquelle Carjat a réalisé les portraits de Rimbaud.






Carton de Carjat vers 1871 (Galerie Photo Vintage France)




Carton de Carjat, fin des années 1870





Même confusion lorsque M. Ducoffre indique que la photographie de Carjat montrant Rimbaud boudeur est « connue par quatre documents clefs » :




- le tirage d’époque par Carjat, très bien conservé ;

- l’autre tirage d’époque, en très mauvais état ;

- le positif verre, contretype (photographie de photographie) des années 1900 ;
- le « médaillon fac-similaire » publié par Delahaye en 1905 (cette expression pour le moins étrange désigne en réalité une simple reproduction imprimée dans un livre).



Comment peut-on mettre sur le même plan des documents aussi hétéroclites ? Des reproductions imprimées de très mauvaise qualité, et terriblement retouchées, ont-elles la même valeur qu’un tirage d’époque parfaitement conservé ? Sachant, de plus, que Delahaye n’a jamais possédé ce portrait dont il a publié à partir de 1905 de très mauvaises reproductions… Et que le même Delahaye, loin de récuser l’image publiée par Berrichon, a explicitement indiqué que les deux étaient la même : « De Carjat il y a eu deux photographies : celle publiée par Berrichon et par moi, et une autre (qui était moins bien en somme) » (Lettre à Jean-Paul Vaillant, 28 juin 1927).



En fait, MM. Ducoffre et Bienvenu ne veulent pas entendre parler du tirage d’époque en bon état car il ne s’accorde pas avec leur marotte, selon laquelle Berrichon aurait truqué cette photo. Ainsi, selon M. Ducoffre, le tirage authentique « a l’inconvénient de correspondre aux traits plus grossiers du négatif [sic] sur verre ». On marche sur la tête : le positif sur verre est une reproduction photographique d’un tirage d’époque, il correspond donc forcément aux tirages d’époque… (on ne peut quand même pas reprocher à un original de ressembler à sa reproduction !).



MM. Ducoffre et Bienvenu renversent la logique élémentaire en interprétant la réalité documentaire à partir de leurs théories fantasmatiques. Les tirages d’époque montrent un visage « ombré ». Or nos enquêteurs se sont auto-convaincus que ces ombres ont été ajoutées par Berrichon, qui aurait comploté pour nous montrer un Rimbaud plus charnu qu’il ne l’était en réalité (sic !), et plus jeune (ou plus vieux, nous n’avons toujours pas compris). Donc les images qui ont « l’inconvénient » de montrer Rimbaud sous cet aspect sont des faux, et celles qui le montrent autrement sont vraies…



Dès lors, tous les délires sont permis : « il n’est pas impossible que Berrichon ait remplacé la photographie originale par un tirage plus récent », prétend M. Ducoffre. En fait, oui, c’est impossible. Par exemple, l’épreuve la mieux conservée de cette photo de Carjat est un tirage d’époque sur papier albuminé, qui a été expertisé à plusieurs reprises. Suggérer que cette image est un contretype des années 1900 ne tient pas debout : à ce compte-là, on pourrait aussi affirmer que La Joconde est une copie du XVIIIe siècle - ou bien que Napoléon 1er n’a pas existé. A moins que M. Ducoffre n’ait en main des éléments assez sérieux pour suggérer que les études Tajan et Pierre Bergé & Associés sont compromises dans une escroquerie, impliquant entre autres M. Courvoisier, libraire-expert de la Bibliothèque nationale de France.



Verlaine et Rimbaud, tirages de Carjat, vers 1871-72  (Source : Sotheby’s France / Etude Tajan)





         Il ne devrait pas être besoin de prouver l’évidence ; on se contentera de remarquer que le portrait de Verlaine par Carjat est monté sur le même modèle de carton que les deux tirages d’époque de la photo de Rimbaud. Or personne ne met en cause la datation ou l’authenticité de cette épreuve, pas même M. Bienvenu (3).



Une fois franchies les limites de la rationalité, tout est possible. Ainsi M. Ducoffre considère que le tirage très abîmé est « LE portrait à posséder », de préférence au tirage d’époque en parfait état… Mieux, le dessin de Berrichon montrant Rimbaud de profil serait un portrait… de sa sœur Isabelle (« il s'agit en réalité d'un visage imaginaire d'Arthur Rimbaud à partir des traits d'Isabelle Rimbaud »). Pourquoi pas après tout ? Certains sont bien convaincus que les images de l’homme marchant sur la Lune ont été tournées dans la cave de la maison de Neil Armstrong… D’ailleurs, M. Ducoffre avance des « preuves » : d’une part il existe un portrait d’Isabelle sous le même angle par Berrichon ; d’autre part le frère et la sœur se ressemblent (voilà qui est louche).






« Isabelle-Arthur Rimbaud » ?





Le plus spectaculaire, dans les virevoltes des deux duettistes, c’est la manière qu’ils ont de changer d’opinion, péremptoire, à propos de tel ou tel document. Ainsi ont-ils suggéré que la photo de la première communion, conservée par la BnF, était un faux berrichonesque (4). Aujourd’hui, à suivre M. Ducoffre, ce n’est plus le cas. En revanche, ils n’avaient jamais dit que la Carjat de l’ex-collection Guérin pourrait être un trucage de Berrichon, voilà qui est fait. De même, aux dernières nouvelles, M. Bienvenu ne mettait plus en cause la photographie de Rimbaud à Sheikh-Othman (5), mais M. Ducoffre l’éjecte parmi les « prétendus documents ». En revanche, M. Ducoffre doutait il y a quelque temps de l’un des trois autoportraits photographiques de Rimbaud ; il semble désormais l’admettre dans le corpus... (6)



Tout cela pourrait être comique (ou pitoyable), simples jeux de rimbaldiens en mal de publicité. Le problème est qu’il s’agit de documents importants pour la connaissance de Rimbaud. De plus, des institutions, spécialistes ou marchands ont engagé leur responsabilité morale à leur sujet. Ainsi, les musées nationaux ont acquis pour 90 000 euros la photo de Sheikh-Othman, auprès de Sotheby’s. M. Ducoffre nous indique que l’identification de Rimbaud dans ce document est « fantaisiste », donc que cette photo ne vaut rien. M. Alain Tourneux, conservateur du Musée Rimbaud, s’est trompé ou, ce qui revient au même, s’est fait avoir, comme tous les spécialistes ayant authentifié ce document, puisque pas un seul ne met en doute cette image. Et, non contents d’être dans l’erreur, M. Tourneux et les autres spécialistes de Rimbaud valoriseraient un faux portrait du poète…



M. Ducoffre, lui, connaît la vérité, qui est forcément cachée, dans de complexes replis. La prose de cet enseignant, spécialiste de littérature française, est aussi singulière et chaotique que le cheminement de ses pensées (7). « De tout même » (sic), ces enluminures abracadabrantes n'apportent pas grand chose à la recherche sur l'iconographie de Rimbaud. A part « un satiné de conversation », qui s'avère, hélas, n'être que du bruit. 


Mise à jour 1 : 

M. Ducoffre a corrigé certaines de ses erreurs et remanié certaines de ses hypothèses (avec la même aisance impudique qu'un politicien oubliant ses promesses électorales...), à partir de nos remarques :  http://paintedplates.blogspot.fr/2013/08/nouvelle-mise-mort-dune-icone.html

Mise à jour 2 : 

Quelques heures après la publication de ce message, M. Jacques Bienvenu, relayant M. Ducoffre, a diffusé sur son blog une nouvelle mise en cause d'un document iconographique rimbaldien, le tableau de Jef Rosman, conservé au Musée Rimbaud ("Le tableau de Jef Rosman est-il authentique ?" - http://rimbaudivre.blogspot.fr/2013/08/le-portrait-de-rimbaud-par-jef-rosman.html). 

M. Ducoffre, qui doit confondre écriture de l'histoire et tauromachie, s'extasie de cette "nouvelle mise à mort d'une icône rimbaldienne"

Il est parfaitement légitime de réétudier des documents, voire de les récuser, y compris quand, comme c'est le cas pour celui-ci, ils sont désormais admis par l'ensemble des spécialistes. Mais la démarche de M. Bienvenu est étrange : "Il serait temps de remettre en cause l’authenticité de ce portrait de Rimbaud". Il commence par la conclusion, alors que son article n'apporte strictement aucune information nouvelle, se contentant pour l'essentiel de rappeler des débats des années 1940-50. Semer le doute sur tout et n'importe quoi, c'est facile. Il en reste toujours quelque chose : des soupçons, des rumeurs ("Il paraît que...", "J'ai lu sur Internet que..."). Cette démarche nous paraît être à l'opposé d'une saine et nécessaire recherche critique de la vérité.



(1). Bibliothèque Jacques Guérin : Rimbaud et Lautréamont, étude Tajan, expert Dominique Courvoisier, 17 novembre 1998 ; revendue par l’étude Pierre Bergé le 24 janvier 2003, expert Marc Pagneux, notice d’Eric Buffetaud.



(2). Berrichon a au contraire tenté d’obtenir d’Isabelle Rimbaud des évocations subjectives, mais authentiques, plutôt que des « reconstitutions ». Il lui écrivit, le 25 septembre 1896 : « Un dessin de votre main serait, à mon sens, précieux ; il faudrait aussi, peut-être, qu’il fût de votre invention. Essayez ! Simplement, avec votre cœur ; il aura toujours, ainsi, une émotion que ne peut avoir la photographie, ne fût-il exécuté qu’en quelques traits de crayon ou de plume. » 



(3). Cf. J. Bienvenu, « La date du portrait de Verlaine par Carjat » (http://rimbaudivre.blogspot.fr/2012/06/la-date-du-portrait-de-verlaine-par.html). M. Bienvenu formule ici une hypothèse intéressante (une fois n’est pas de coutume !) : la photo de Verlaine aurait pu être prise le même jour que celle(s) de Rimbaud. Idée séduisante, reprise par M. Ducoffre, mais dont il faut reconnaître qu’elle ne repose à ce jour sur aucun fait.



(4). David Ducoffre, «  La photo présumée de Rimbaud en Afrique » : « Jacques Bienvenu présente également dans le Magazine littéraire un dessin méconnu de Paterne Berrichon […].  Il est clair que ce dessin a préparé le champ de retouches de la photo que nous ne connaissons que par des retirages finalement [sic]. Dans le même ordre d'idées, le dessin de la tête de communiant d'Arthur s'inspirerait d'un état inconnu de la photo des deux frères en communiants pour préparer la parfaite figure de la photo des communiants telle que nous la connaissons aujourd'hui. (http://www.mag4.net/Rimbaud/forum/viewtopic.php?t=2002). J. Bienvenu : « L’agrandissement [sic] de la photographie de Rimbaud en premier communiant […] a été retouché par Berrichon. Il ne peut donc servir à une identification. Je vous invite à lire mon article du "Magazine littéraire" de juin [2010] où j’expose ce fait peu connu. Pardon d’être un 'spécialiste' ». (http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article1670). « Fait peu connu », et pour cause…



(5). Jacques Bienvenu : « Je trouve que la démarche d’identification est crédible parce qu’elle repose sur la ressemblance assez nette avec le portrait authentique de 1883 de Rimbaud dans un jardin de bananes […]. Il y a donc de fortes présomptions pour voir Rimbaud sur cette photo. » (http://www.larevuedesressources.org/sur-la-photographie-retrouvee-de-rimbaud-a-aden-quelques-informations,1670.html - dans les commentaires). 



(6). « Si certes Rimbaud dit avoir envoyé trois photos à sa famille, la photo le pied en avant n'est pas forcément cette troisième qui complète celle contre la balustrade et celle les bras croisés. » (http://www.mag4.net/Rimbaud/forum/viewtopic.php?t=2007&postdays=0&postorder=asc&start=60)

(7). Voir par exemple la présentation de son blog : http://paintedplates.blogspot.fr