Nous sommes actuellement confrontés à une campagne de dénigrement systématique menée par un aréopage rassemblant un personnage au ton péremptoire, devenu pour l’occasion « expert » et « spécialiste » de Rimbaud (alors qu'il n'a jamais publié le moindre livre sur le poète), les cinq ou six contributeurs subsistants de ce qui fut un forum de discussion (l’un allant jusqu'à se réjouir que la porte de notre librairie ait été maculée une nuit), et deux éditorialistes pratiquant systématiquement la polémique gratuite, du moment qu’elle est à contre-courant, MM. Moix et Korkos. Ce dernier est intervenu sur le site Arrêt sur images, dans un article digne d’un tabloïd anglais, qui nous met gravement en cause, et qui est injurieux et diffamatoire à l’égard du biographe de référence de Rimbaud. Le responsable de cette publication, Daniel Schneidermann, a choisi de reproduire quatre lignes du droit de réponse que nous lui avons adressé (ce qui paraît bien loin de l’esprit du regretté « Arrêt sur images »). Le voici dans son intégralité.
DROIT DE REPONSE
Dans un « vite dit », Alain Korkos affirme que « Rimbaud n'est pas Rimbaud », la photo d'Aden ayant selon lui été prise en novembre 1879, avant que Rimbaud n'arrive sur les bords de la Mer Rouge. Il se trouve que c'est très très vite dit.
M. Korkos s'appuie sur la présence présumée d'un certain docteur Dutrieux, qui ne se serait pas trouvé à Aden en même temps que Rimbaud, et de l'explorateur Lucereau (ce Lucereau a déjà été l'occasion d'un « dérapage » de certains médias en septembre dernier, jusqu'à ce que publiions la preuve matérielle qu’il était à Aden en même temps que Rimbaud : une lettre provenant des archives du ministère des Affaires étrangères).
Dutrieux a été reconnu par certains, à partir d'une seule photo le représentant, comme étant le premier barbu. Les mêmes soutenaient il y a quelques mois que cet homme était Bardey, l'employeur de Rimbaud. Il nous paraît évident que ce n'est pas lui (il faudrait par exemple que cet homme ait changé d'oreille...). Il faudrait aussi savoir comment Dutrieux, « mourant » et en cours de rapatriement sanitaire lors de son passage à Aden peut se trouver sur la photo replet et en costume de ville.
Cette affirmation contredit tous les faits qui ont été établis à propos de ce cliché : l'usage d'une technique photographique ultra-moderne, le gélatino-bromure d'argent, attesté en août 1880 à Aden, mais certes pas en novembre 1879. La présence d'une Européenne enceinte, également attestée en août 1880, et fort improbable en 1879, etc. Dans les premiers jours, on nous a accusé d’avoir produit un « faux », plus personne aujourd’hui ne conteste que le cliché a été pris sur le perron du fameux Hôtel de l'Univers, et l'on sait maintenant que c'est le patron de l'hôtel - et futur associé de Rimbaud - qui trône au milieu du groupe. Depuis huit mois, personne n'a été capable de mettre un autre nom sur l'étrange jeune homme aux yeux très clairs assis près de Suel. Il faudrait d'ailleurs qu'il présente la même marque que Rimbaud, dite « pathognomonique » (« absolument spécifique ») par les médecins : une dissymétrie de la lèvre supérieure, qui apparaît comme un manque, en-dessous de la narine gauche...
Que M. Korkos estime que cet homme n’est pas Rimbaud, c’est son affaire, mais il n'a pas le droit de proclamer, comme il le fait, qu'il existerait une preuve du contraire. Le 17 avril dernier, deux jours après la publication de cette image, M. Korkos avait déjà affirmé être absolument certain que Rimbaud ne figure pas sur cette photo (libre à lui d'avoir cette intime conviction), et qu'il en détenait « la preuve » (ce qui était un mensonge). De tels propos, qui passent délibérément sous silence les doutes, et les objections des autres, relèvent plus de la propagande que de l'information. Cela ne surprend guère quand c'est M. Moix qui les tient, cela nous choque profondément venant d'Arrêt sur images, dont la vocation semblait être de décrypter des errements des médias, plutôt que de colporter des humeurs qui ne sont que des rumeurs mal intentionnées.
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